jeudi 26 août 2010

& RAPPELER - 1939/1945.

Plusieurs romans sur la guerre de 40 sont passés entre mes mains.
J'ai vu plusieurs films, aussi.

Et quel que soit le point de vue d'où l'on se place, le soldat allemand, le civil (français, allemand, polonais...), le Juif, ou ...Hitler... je ne pense pas qu'il soit aisé de percevoir comment une telle "Question" a pu se poser dans notre histoire à tous.
Toutes les informations que j'ai pu glaner sur le sujet, qu'elles appartiennent à la fiction partielle ou à la réalité des faits, aident évidemment à "comprendre" les liens de cause à effet qui ont rendu cette apothéose de l'atroce possible. D'ailleurs, un contre-pied de cette possibilité a été imaginé par Eric Emmanuel Schmidt dans "La part de l'autre", un paralléle entre l'histoire du Führer tristement célèbre et celle du même homme s'il avait été accepté aux Beaux-Arts de Vienne dans sa jeunesse.



"Il veut comprendre, comprendre que le monstre n'est pas un être différent de lui, hors de l'humanité, mais un être comme lui qui prend des décisions différentes. Depuis ce jour, l'enfant a peur de lui-même, il sait qu'il cohabite avec une bête violente et sanguinaire, il souhaite la tenir toute sa vie dans sa cage" Eric-Emmanuel Schmitt - La part de l'autre (lien evene)




Hitler était un homme frustré, dont l'esprit avait été détourné depuis sa plus tendre enfance. Le récit narré par le démon du mal de Norman Mailer dans le roman détruit par la critique "Un chateau en forêt", sensé retracer l'origine et l'enfance d'Adolf Hitler, en témoigne dans un style difficile à supporter : assez sombre, glauque, voire carrément malsain... Qui nous ramène facilement au personnage dépeint. Cela reste un roman, mais on s'y retrouve. Ceci dit, Norman Mailer avait habitué ses lecteurs à mieux, selon la critique de Didier Jacob du Nouvel Obs (qui selon moi n'est pas un lecteur objectif, quoique je lui donne raison sur le ridicule de certaines scènes.)
Même si tu aimes lire, accroche toi tout de même, il faut l'avouer. Sinon, va plutôt louer un film :
La personnalité d'Hitler se ressent également sur nos écrans en 2004 avec le film "La chute" d'Oliver Hirshbiegel. (Bande-annonce à voir ICI)
Une interprétation remarquable de Bruno Ganz dans le rôle d'un des plus grands monstres de l'Histoire et un scénario à la limite du trop réaliste. A voir, évidemment.

Le peuple allemand voyait en lui le sauveur de l'Allemagne et l'a suivi trop immédiatemment, trop aveuglément. L'armée a cru en lui et en son parti, comme en ses promesses de grandeur retrouvée. Un phénomène brillamment décrit dans le fameux ouvrage de Robert Merle, "La mort est mon métier" (1952) : le récit impartial et froid de celui qui devint le Kommandant du camp d'Auschwitz, affirmant n'avoir trouvé aucune satisfaction dans le massacre des Juifs, sinon dans sa qualité et de son efficacité en tant que serviteur du Reich.

Ce genre de récit fut repris assez récemment par Jonathan Littell dans "Les bienveillantes", livre évènementiel de l'année 2006 qui reçut le prix Goncourt, qui traite en surface du nazisme et de son organisation mais plus généralement de la question du génocide et du prix de la vie... Un traité très distant, mécanique, difficile à lire.
Des films comme "La rafle" (2009) ont démontré l'incrédulité sincère des personnes concernées par l'horreur de la "Question Juive", ou plutôt leur volonté (qui n'était que trop compréhensible) de ne pas croire cela possible.
"La Liste de Schindler" de Steven Spielberg(1993), adapté du roman de Thomas Keneally, est par ailleurs un témoignage merveilleux du courage de certains allemands, ainsi qu'à mon avis une ode immortelle à l'être humain en lui-même, à travers la personne de l'extraordinaire Mr Oskar Schindler.
Deux heures qui arrachent toutes les larmes dont on est capables, qu'elles soient de profonde tristesse ou d'intense joie, mais de toute façon pleines d'une émotion impressionante. Tout ça sans mentionner le talent d'interprétation indéniable de l'ensemble de la distribution (Liam Neeson, Ralph Fiennes...)


Les civils allemands avaient peur et souffraient considérablement de la guerre pour la plupart. Le très émouvant roman "La voleuse de livres" de Markus Zusak (2005) dépeint avec brio l'ambiance des villages allemands où malgré les obligations du quotidien qui les rappelaient à une vie "normale", les habitants vivaient sans cesse dans la crainte des bombardements et... des officiers allemands. Cette période sert de décor à l'histoire d'une petite orpheline, Liesel Meminger, adoptée par une famille vivant en dehors de Munich. On y rit, on y perd son souffle, on y pleure et enfin... On y vit.

J'ai aussi visité le Centre Commémoratif de l'Holocauste, lors d'une semaine passée à Montréal .
Voir une lettre d'un mari juif à sa femme allemande, disant que tout va bien...Tout en sachant qu'une fois la lettre entre les mains de sa femme ce malheureux était deja mort. Voir ce message à côté de la déclaration de son décès dû à une "pneumonie"... C'est une chose qui reste ancrée.
On ne se rend pas compte, mais on sent la main tremblante au dessus du papier. On voit encore les traces de larmes qui ont brouillé l'encre. On ne se rend toujours pas compte.

J'ai à tout prix tenté à travers ces bribes de coeur, de pensées et de souvenirs, de comprendre, de savoir, d'imaginer. Tout ça pour enfin comprendre que justement, il ne me sera jamais possible d'imaginer vraiment ce que tous ces protagonistes ont pu vivre. Il ne me sera jamais possible de dire avec certitude que "je comprends".
Ceci dit, je l'ai touché du doigt, et cela me suffit pour ne pas oublier.

1 commentaire:

  1. Emouvant article s'il en est ... s'il y a bien une chose qui ne doit jamais être oubliée, c'est bien celle-ci. Ma dernière piqûre de rappel depuis la Rafle, vu au cinéma lors de sa sortie, fut le roman "HHhH" de Laurent Binet, retraçant l'histoire de Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, et inventeur de la Solution Finale. Il a lui aussi reçu le Prix Goncourt (en 2010). Il est centré sur le personnage d'Heydrich, et se veut le plus réaliste possible, la frontière entre réalité et fiction étant sans cesse étudiée et commentée (pour au final n'être que de seconde importance au vu des faits relatés). Il m'a appris énormément de choses sur le pourquoi cette Solution a seulement été envisagée, puis appliquée. Le tout est envisagé depuis le point de vue du personnage central, avec bien sûr des incursions des autres grandes figures du Reich. C'est un roman que je ne peux que te conseiller vivement, ainsi qu'à tous ceux et celles qui veulent faire leur travail de mémoire, tout en apprenant pas mal de choses que l'on apprend pas à l'école ...

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