Black Swan , ou le côté obscur de la passion. On ne m'en veut pas pour le clin d'oeil bidon à Natalie Portman hein...
Les choses que l'on trouve les plus belles sont souvent les plus tristes. La passion fait partie de ces choses, illustrée avec brio dans Black Swan , à la fois glorification brillante de la passion et violent avertissement contre celle-ci.
Un film poignant, contradictoire, miroir de la schizophrénie de l'héroïne. Nina est une danseuse discrète et douce, qui rêve d'incarner la Reine des Cygnes dans le célèbre ballet de Tchaïkovski, et sa passion pour le rôle à double tranchant du cygne blanc et du cygne noir finira par la posséder entièrement, lui faisant découvrir son propre côté sombre dans la poursuite de la perfection.
Le film est tourné la plupart du temps comme si l'on suivait l'héroïne, comme si la caméra était la présence, le souffle dans son cou, les murmures dans son oreille, ce qui ajoute à la tension dramatique. Tout cela sans compter des épisodes d'une violence presque incongrue, à la limite du gore, qui dérangent et interloquent le spectateur, le laissant aussi confus que l'esprit de la jeune danseuse.
L'angoisse, l'appréhension nous oppressent durant ces deux heures à regarder la paranoïa s'emparer de Nina, ne sachant où s'arrête la réalité pour laisser place à son imaginaire délirant, envahi par les ténèbres, engorgé par la peur d'échouer, étouffant sa confiance en elle et ses repères.
Au risque de me répéter, un pamphlet honorant les affres de la passion et la folie (oserons-nous dire meurtrière?) qui y mène, à voir absolument.